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La dernière attaque du monstre...

Or, le jour de l'Assomption de cette année 777, alors qu'il sortait de l'office célébré à cette occasion dans l'oratoire de son château, le seigneur Roch vit arriver à lui un homme exténué, la voix coupée de fatigue et d'émotion qui lance sans préambule :
– Messire, la bête, ..., morte ...." inerte ..."
A cette annonce, le seigneur s'approcha et l'interrogea :
– Que dis–tu, mon ami ?
– Messire, la bête…, le monstre est mort, percé par un glaive à la clairière du Bitiel.

Sans autre explication, le seigneur fit seller deux chevaux et se rendit ventre à terre au lieu indiqué où s'était formé un groupe considérable et bruyant sur le petit plateau surplombant le ruisseau Bitiel, où un vaste pré de plusieurs acres était encastré au milieu des taillis et servait de pâture aux troupeaux des lagiers.

Au milieu de cet attroupement, un énorme animal gisait sur le flanc aussi gros qu'un taureau de forte taille, le poil court et sombre, les pattes larges armées de griffes, le cou allongé terminé par une tête hideuse aux gros yeux exorbités, à corne unique avec un groin semblable à celui d'un sanglier, la mâchoire garnie de crocs longs et acérés. Il baignait dans une mare de sang noir qui s'écoulait du flanc où s'enfonçait jusqu'à la garde un long glaive d'or.

Se tournant vers la foule devenue silencieuse, le seigneur interrogea : "Quel est le courageux vainqueur de ce monstre ?". Un homme petit et frêle s'avança :
– C'est toi Luc, dit le seigneur ?
– Non Messire, mais je vais vous expliquer. J'amenais ce matin mon troupeau au ruisseau, lorsque, un animal gigantesque et menaçant bondit sur mes brebis. Je courus, mon gourdin en avant, mais l'animal se retourna vers moi, la gueule béante et m'aurait certainement dévoré, si, à ce moment, une lumière éblouissante me fit retourner et je vis une jeune femme, vêtue de blanc, un voile sur la tête et souriante sortir de ce buisson et s'avancer vers l'animal, un glaive brillant dans la main droite. "Arrière, Jaille immonde, cria–t–elle".
L'animal, à ces paroles se figea terrassé et tomba mort sous le glaive de la Dame."
– Qui était cette dame, reprit le seigneur, et que t'a t-elle dit ?
– Je ne la connais pas, je ne l'ai jamais vue en ces lieux, ce que je sais, c'est qu'elle était jeune, belle, et ... je ne sais pas ... éblouissante comme le soleil.
Elle se retourna vers moi qui était pâle de frayeur et dit en souriant : "Ne craignez point, mon ami, allez dire à vos frères que la Jaille est morte et qu'ils ne tremblent plus pour leurs enfants et leurs troupeaux, et dites à votre maître que l'heure est venue de tenir sa parole". Sur ces mots, elle disparut à mes yeux, sans que j’aie, ni la force, ni le temps de la remercier.

S'adressant à la foule émue de ces révélations, le seigneur s'écria : "Mes amis, vous avez tous reconnu en la belle dame La Vierge que nous avions appelée à notre secours, elle a eu pitié de nos malheurs, remercions-la à genoux, puis partons annoncer la bonne nouvelle à l'entour.

Je vais faire sonner l'olifant de la victoire, en haut de Chaperon (le plus haut sommet de la colline qui porte ce nom en raison de sa forme de chapeau rond), nous ensevelirons le monstre en ce lieu désormais célèbre et béni".

En effet, en ce lieu, comme l'avait promis le seigneur Roch, s'éleva une chapelle, oeuvre de la Foi reconnaissante de ceux que La Vierge avait délivrés.

C'est en 785 qu'elle fut inaugurée en présence de prélats, de nobles chevaliers et d'une foule innombrable.

En souvenir de la fête de l'Assomption de l'an 777, cette chapelle porte le nom, et le porte encore de NOTRE DAME DE L'ASSOMPTION et le village qui s'éleva bien vite autour du campanile qui se dressait au dessus des taillis de châtaigniers, devient le plus important de la terre féodale et fut appelé JAILLANS.

C'est ainsi que nous fut racontée l'extraordinaire et bien curieuse histoire de la JAILLE à l’origine du nom de ce village niché au pied des Monts du matin.



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